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mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Les Sommités de la Jurisprudence

Les Sommités de la Jurisprudence


Afin de compléter cette recherche sur le Khoms et d'aborder ses différents aspects et dimensions, il serait utile de présenter des extraits des textes des sommités de la jurisprudence chiite imâmite à travers ses différentes étapes historiques. Ceci nous semble d'abord d'autant plus nécessaire, pour démontrer l'unité de la position imâmite vis-à-vis du Khoms et de ses différents aspects, que d'aucuns tentent de mettre en doute cette unité de position en se fondant sur des rares positions exceptionnelles ou sur des textes mal compris ou mal interprétés.
Nous allons donc présenter ces textes selon leur ordre chronologique:

Le chercheur pourra remarquer que ces textes tendent à confirmer des faits que nous avons déjà exposés et dont les plus importants sont:

1- La signification linguistique du mot ghanîmah est son sens général. C'est là un fait sur lequel sont d'accord les savants éminents des différentes écoles juridiques, dont aucun n'a affirmé que le mot en question signifie uniquement "butins de guerre".

2- Le concept légal de ce mot n'est autre que sa signification linguistique.

3- Le sens de ce mot dans le Verset du Khoms est son sens linguistique.

4- Sur le plan d'application: le Khoms est obligatoire sur les gains et les revenus en général.

Ci-après quelques-uns de ces textes:

1- Selon Ibn Abî `Aqîl al-`Omânî (l'un des plus anciens des jurisconsultes imâmites): "Le Khoms est obligatoire sur tous les revenus. Il doit être payé par le couturier, le menuisier. Il doit être prélevé sur la récolte du jardin, ainsi que sur ce que produit un artisan, car tout ceci constitue un profit venant d'Allah et une ghanîmah".(73)

2- Selon al-Cheikh al-Mufîd (décédé en 414 H): "Le khoms est obligatoire sur tout gain. Les gains (ghanâ'im), c'est tout ce qu'on obtient dans la guerre: argent, armes, vêtements, esclaves, ainsi que tout ce qu'on tire des minerais, de la plongée sous-marine, des trésors, de l'ambre, et tout le surplus des bénéfices réalisés dans le commerce, l'agriculture et l'artisanat".(74)

3- Selon al-Cheikh al-Tûsî (décédé en 460 H): "Tout ce qui est pris par la force de l'épée sur les polythéistes s'appelle ghanîmah sans contestation aucune. Chez nous (les Chiites), les bénéfices que l'homme réalise dans le commerce, le travail et les métiers en font partie aussi (de la ghanîmah).

Notre preuve de cette affirmation est d'une part l'unanimité de nos juristes et d'autre part le fait que la Parole d'Allah: "de tout ce que..."(75) englobe tous ces domaines. Celui qui limite le mot ghanîmah ici à un domaine particulier, doit présenter une preuve à l'appui de son affirmation".(76) Et il dit dans "Al-Mabsût": "Quant au mot "ghanîmah", il est dérivé du mot "ghonm", lequel désigne ce qu'on gagne par différents moyens: que ce soit avec un capital ou sans.

Ceci dit, il y a deux sortes de ghanîmah: d'une part, ce qu'on prend dans la guerre par la victoire et l'épée, et d'autre part ce qu'on obtient autrement: les trésors, la plongée, les profits du commerce etc..."(77) Et al-Tûcî d'ajouter dans "Al-Tibyân"; "Et chez nos juristes, le Khoms est obligatoire sur tout bénéfice que l'homme réalise tire du travail, du commerce, des trésors, de l'extraction des minerais, de la plongée sous-marine, ainsi que de toutes autres activités que nous avons mentionnées dans les livres de la jurisprudence.

La preuve en est la Parole d'Allah dans ce verset: "Et sachez que de tout ce que vous obtenez (ghanimtum)", car le bénéfice obtenu dans tous les domaines précités s'appelle "ghanîmah".(78)

4- Selon al-Tabarsî (décédé en 548 A.H.): «Nos juristes ont dit: "Le Khoms est obligatoire sur tout bénéfice que l'homme réalise par le travail, le commerce, les trésors, les minerais, la plongée et tous les autres domaines cités dans les livres spécialisés. Et on peut citer comme preuve de cette affirmation le verset coranique: "Et sachez que de tout ce que vous obtenez..." , car selon la norme linguistique on appelle ghanîmah tous les domaines précités"».(79)

5-
Selon al-Muhaqqiq al-Hillî (décédé en 676 H): "Le deuxième domaine, ce sont les minéraux... sur lesquels le Khoms est obligatoire, d'abord parce que c'est un bien obtenu de la terre et sur lequel le Khoms est obligatoire à ce titre comme la Zakât, et ensuite parce que c'est une ghanîmah sur laquelle le Khoms est obligatoire en vertu du Verset du Khoms qui englobe tout ce qu'on obtient".(80) Et Al-Hillî d'ajouter dans "Al-Charâ'i`": "La ghanîmah est le bénéfice acquis, que ce soit grâce à un capital, comme les bénéfices du commerce, ou autrement, par exemple ce qu'on obtient par la guerre".(81)

6-
Al-`Allâmah al-Hillî (décédé en 726 A.H.) écrit: "La cinquième catégorie de gain imposable du Khoms est constituée des bénéfices du commerce, de l'agriculture et de l'artisanat, ainsi que des profits obtenus par tous les autres moyens légaux, et de la partie de la récolte et des produits agricoles, qui excède les besoins de l'année.

Il est obligatoire de prélever le Khoms sur tout ce qui vient d'être énuméré. Tel est l'avis de nos ouléma, avis différent de celui des ouléma sunnites. Car pour nous, le verset coranique: "Et sachez que de tout ce que vous obtenez..." indique qu'Allah a rendu le Khoms obligatoire sur tout ce qu'on gagne ou obtient, ce qui comprend aussi bien le butin de guerre que tout autre type de gain.

Car limiter la ghanîmah à un domaine sans fournir la preuve de cette limitation est inacceptable".(82) Ailleurs il écrit: "La ghanîmah est un gain acquis soit grâce à un capital, comme les profits du commerce, de l'agriculture et autres, soit par la guerre et le combat...

Et nous avons expliqué que le mot ghanîmah comprend aussi bien ce qu'on obtient, par la force et la victoire, des biens des polythéistes, que ce qu'on gagne comme salaire et bénéfice. Alors que, chez les Sunnites, ce mot désigne seulement le premier sens, pour nous, nos références nous permettent de penser qu'il comprend les deux sens".(83)

7- Selon al-Chahîd al-Awwal (décédé en 786): "Le khoms est un droit fixé originellement pour les Hâchimites dans les ghanâ'im (plur. de ghanîmah), au lieu de la Zakât. Et il est obligatoire sur sept sortes de gains".(84)

8- Selon al-Chahîd al-Thânî (décédé en 966 A.H.): "La ghanîmah est le gain acquis, soit avec un capital, comme les bénéfices du commerce et d'autres, soit par la guerre, et ce dernier concept a fini par dominer linguistiquement au détriment du sens général.

Mais il faut noter que son concept général et originel est resté pour nous intact, concept qui couvre également l'obligation du Khoms sur les bénéfices commerciaux et autres, car la Parole d'Allah dans le verset: "Et sachez que de tout ce que vous gagnez..." comprend tout gain en général, et ceci contrairement à l'avis des Sunnites".(85)

9- Selon al-Muhaddith al-Bahrânî (décédé en 1186 A.H.): "Le cinquième domaine concerne le surplus des besoins de l'année, pour une personne et sa famille, dans les bénéfices du commerce, de l'agriculture et de l'artisanat.

La preuve de l'obligation du Khoms dans ce domaine est le Verset du Khoms ainsi que les hadith relatifs à l'interprétation de ce verset et confirmant que le mot ghanîmah mentionné dans ce verset, a une signification plus générale que le butin de guerre".(86)

10- Selon al-Muhaqqiq al-Najafî (décédé en 1266 H): "La ghanîmah, c'est le gain acquis, aussi bien grâce à un capital, comme les bénéfices commerciaux et autres, que par la guerre". (87)

11- Selon al-Cheikh al-Ançârî (décédé en 1281 H): «Le Khoms est obligatoire sur les minerais aussi, selon l'unanimité certaine des Rapporteurs des Récits et en raison du sens général du mot ghanîmah dans le Livre d'Allah... Car l'expression "Mâ ghanimtum..." (de ce que vous obtenez) désigne tout ce qu'on gagne et obtient.

C'est sans doute pour cela qu'il est de notoriété publique chez nos jurisconsultes de maintenir le Khoms dans ce domaine étant donné que le Khoms est obligatoire dans ce qui est gagné en général. Dans "Al-Riyâdh", on parle d'unanimité sur le caractère général du "gain" figurant dans le Verset du Khoms, et ce sans parler des Récits ("riwâyah") largement répandus qui interprètent ce verset comme visant le sens général du mot ghanîmah».(88)

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