Mar07162024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Le côté de la sagesse dans l'insurrection de l'Imam (a. s.)

Le côté de la sagesse dans l'insurrection de l'Imam (a. s.)


L'Imam commença par déclarer son opposition à l'allégeance prêtée au nouveau calife.

Il résistait à la clique califale installée à Médine jusqu'à ce que cela se sût largement. Après, il s'est dirigé vers Makkah par le chemin le plus battu contrairement à ce qu'avait fait Ibn Zubayr. Réfugié auprès de la Maison d'Allah, il s'est vu entourer des Musulmans venus faire le petit pèlerinage (Al- 'Umrah). Ils écoutaient le petit-fils de leur Prophète (SAW) et lui, leur parlait de la Sîrah de son grand-père et de la déviation du calife. Ensuite, il proclama sa cause, écrivit aux gens dans les différents pays de l'Islam, appela la Communauté au soulèvement armé contre le califat et au changement de l'état des choses et l'invita à lui prêter serment d'allégeance, pour réaliser ce but et non pour qu'il accédât, lui, au califat. A aucun moment, il n'a fait miroiter cette ambition à quelqu'un ni dans l'un de ses sermons ni dans l'un de ses écrits. Au contraire, à chaque escale, à chaque campement, il citait l'exemple de Yahyâ (a. s.) comme s'il allait avoir le même sort que lui. Les points communs entre les deux "Saints" étaient la réprobation des actes du Tâghût et la résistance jusqu'au martyre. Yahyâ (a. s.) y allait seul et Al-Hussayn (a. s.) avec ses alliés et les membres de sa famille. Or, celui qui veut rassembler les gens autour de lui afin qu'ils le soutiennent en vue de prendre le pouvoir, qu'il leur fait miroiter, ne leur tient pas des propos défaitistes, ne leur cite pas des exemples de martyre mais de victoire.

 

L'Imam est resté quatre mois à Makkah où il rencontra d'abord ceux qui étaient venus pour la 'Umrah, ensuite les pèlerins venus de tous les lieux pour l'accomplissement d'Al-Haj. Aux uns et aux autres, il rapportait à partir de son grand-père (SAW) ce qui était susceptible de les faire craindre les péchés et le châtiment consécutif d'Allah. Il les mettait en garde contre le danger imminent auquel le califat exposait l'Islam. Les gens entendirent de l'Imam ce qu'ils n'avaient pu entendre de personne d'autre que lui à cette époque. A l'approche du Jour d'At-Tarwiyah, un jour avant la station 'Arafat, quand les gens eurent entamé la sacralisation du pèlerinage (Al-'Ihrâm) en répétant Labbayka lâhumma Labbayk (me voilà Allah! Me voilà!), il rompit son Ihrâm et sortit de l'enceinte sacrée en disant: «Je crains d'être assassiné ici dans l'enceinte de la Maison d'Allah parce que je n'ai pas prêté serment d'allégeance. Que je sois tué ne fût ce que d'un empan loin d'Al-Haram, plutôt qu'à l'intérieur». L'Imam (a. s.) n'a pas dit qu'il allait en Irak pour prendre le pouvoir mais qu'il s'en allait pour se faire tuer loin de la Maison d'Allah, ne fût ce que d'un empan.

Les pèlerins retournèrent chez eux et avec leur retour la nouvelle de l'insurrection de l'Imam (a. s.) parcourait les lieux que traversaient les caravanes et les cohortes des pèlerins. Tous les Musulmans qui avaient appris la nouvelle de son insurrection contre le califat corrompu, aspiraient à en connaître l'issue. Les informations leur parvenaient que l'Imam (a. s.) était parti avec une volonté ferme que n'entamèrent ni les propos d'un Ibn 'Umar (adieu martyr!) ni ceux d'un Farazdaq (les curs des gens sont avec toi mais leurs épées sont avec Banî Umayyah) ni la lettre de 'Amrah qui, citant 'Aïsha à partir du Messager (SAW), parlait du martyre de Hussayn en terre de Babel ...

L'Imam (a. s.) allait droit au but, ne cachait rien de ses desseins et faisait en sorte que son opposition au calife Yazîd se sût partout. Ainsi, il confisqua le convoi qui transportait des objets précieux et du parfum envoyés au calife par le gouverneur du Yaman, pour souligner le caractère illégitime du califat. Quand il fut arrivé le premier à un point d'eau dans un désert aride, il n'empêcha pas l'armée ennemie de boire et de donner à boire aux bêtes et aux chevaux, ne l'attaqua pas à l'improviste mais la laissa, par contre, prendre la décision de lui déclarer la guerre. Ensuite il voulut faire parvenir son argumentation à cette armée califale et après avoir guidé leur prière, il dit:

«Excuse pour Allah - gloire à Lui -, parvenue jusqu'à vous! Je ne suis venu vers vous qu'après avoir reçu vos lettres et vos émissaires. Vous avez affirmé que vous n'aviez pas d'Imam, que vous espériez votre union autour de la guidance et que je devais vous rejoindre. Si vous tenez votre parole, je suis venu pour cela. Si par contre vous refusez de respecter vos engagements et détestez ma présence, je m'en irai».

Dans un deuxième sermon, il dit:

«Si vous craignez Allah et savez de quel côté est la vérité, ce sera un agrément pour Allah. Nous sommes Ahlul-Bayt, plus dignes de l'autorité sur vous que ces prétendants qui vous mènent par l'injustice et la violence».

L'Imam (a. s.) adressa aussi la même argumentation à ses compagnons et leur dit:

«Ne voyez-vous pas qu'on n'agit pas selon le vrai et qu'on n'écarte pas le faux? Que tout croyant espère sincèrement rencontrer Allah car je vois que la mort est un bonheur et que la vie avec les injustes est un calvaire».

Ses Compagnons lui dirent alors:

«Par Allah! Si la vie durait tout le temps, que nous y restions éternellement et que ton soutien et ton secours signifiaient une séparation d'avec la vie, nous choisirions de sortir avec toi plutôt que d'y rester».

A At-Tirimmâh qui lui proposait d'aller sur les montagnes de Tay' où il serait défendu par vingt mille Tayois, l'Imam (a. s.) dit: «Il y avait entre ces gens et nous-mêmes une parole qui nous empêche aujourd'hui de nous en aller».

Durant cinq mois successifs, l'Imam Al-Hussayn (a. s.) présentait son argumentation (son programme politique et spirituel) aux Musulmans qu'ils pouvaient atteindre: ceux qui vivaient à Kûfah et à Baçorah, en Irak, ceux qui vivaient en Syrie par l'intermédiaire de leurs concitoyens à qui il a fait parvenir son message et ses arguments et ceux à qui il a envoyé des émissaires.

Il entreprit aussi le soulèvement armé en recevant l'allégeance des gens, en envoyant son ambassadeur Muslim qui finit par livrer combat aux infidèles et en allant lentement avec ses guerriers en terre d'Irak. Les pèlerins qui avaient pris connaissance de son insurrection auraient pu le rejoindre. Ceux qui, à Makkah , à Médine et ailleurs, avaient reçu son appel au soutien auraient pu accourir vers lui car ils en avaient le temps. Son combat ne s'était pas déclaré à l'improviste ou à leur insu car l'Imam (a. s.) allait d'une contrée à l'autre, contournait la clique califale et discutait avec les uns et les autres. Tous ont donc contribué à cet abandon dont l'Imam (a. s.) fut victime. Bien sûr l'abîme de la honte était le lot des habitants d'al-Kûfah qui, après l'avoir invité à les rejoindre et répondu positivement à son appel, le combattirent jusqu'à la mort.

Face à l'ensemble des Musulmans, l'Imam Al-Hussayn (a. s.) accomplit par la parole et par l'acte, sa mission de sensibilisation et d'argumentation avant d'arriver à Karbalâ'. Là, devant l'esprit défaitiste et la trahison des Irakiens, devant les milliers d'entre eux qui déferlaient cherchant à faire de son sang une oblation à la clique califale, l'Imâm Al-Hussayn (a. s.), donna, face à cette dernière en particulier, le dernier épisode de son argumentation: il proposa de déposer les armes pourvu qu'on le laisse revenir à son lieu de départ ou à un autre lieu des frontières islamiques pour être simple citoyen ayant les mêmes devoirs et les mêmes droits que les autres (ce droit fut accordé par l'Imam 'Ali à Abdullah b. 'Umar, Sa'd b. Abî Waqqâs et Usâmah b. Zayd qui ne voulaient pas lui prêter serment d'allégeance). Mais l'armée du calife rejeta sa proposition et insista sur l'obligation de prêter serment d'allégeance à Yazîd et de se mettre à la disposition d'Ibn Ziyâd (son gouverneur en Irak). Ce que l'Imam refusa catégoriquement. Il se prépara alors à la rencontre d'Allah et, pour ce faire, demanda à l'armée califale le soir du neuf Muharram, de lui accorder un délai d'une seule nuit, pour la passer dans la prière, l'invocation et la lecture du Coran parce qu'il aimait cela. Quand on eut répondu à sa quête, il rassembla ses compagnons, la veille de 'Ashûrâ', les sermonna et dit:

«Je crois que notre jour avec ces ennemis est demain. Je vous autorise tous à vous en aller; vous n'êtes point répréhensibles en cela. Voici la nuit qui s'approche, prenez-la comme monture et partez! Que chacun de vous prenne la main d'un homme de ma famille et partez! Je demande à Allah de vous rétribuer tous en bien. Dispersez-vous dans les villes et la multitude car ces gens ne cherchent que moi; s'ils me prennent, ils négligeront de poursuivre les autres».

Les Hashimites lui dirent alors: «Pourquoi ferions-nous cela? Pour vivre après toi? Qu'Allah ne nous montre jamais cela!»

À Banî 'Aqîl, il dit: «Le meurtre de Muslim (son cousin et émissaire à Kûfah) devra suffire! Partez! Je vous le permets!»

- Non, répondirent-ils. Par Allah! Nous ne partirons pas mais nous nous sacrifierons pour toi!»

Ensuite ses alliés parlèrent. Muslim b. 'Awsajah dit:

- Quoi? te laisser et partir? Quelle excuse présenterons-nous alors à Allah pour ne pas avoir respecté ton droit? Non, par Allah! Je ne partirai qu'après avoir frappé dans leurs poitrines par ma lance et mon épée. Si je n'avais plus d'arme je leur lancerai des pierres jusqu'à ce que je meure avec toi!»

Sa'îd al-Hanafî dit à son tour:

- Par Allah! On ne te laissera jamais seul. Allah saura qu'en toi nous aurons après la mort de Son Messager gardé son souvenir et son esprit. Par Allah! Si je savais que j'allais être tué puis revivre puis être brûlé vif puis répandu en cendres soixante-dix fois, je ne me séparerais pas de toi. Comment ne ferai-je pas cela alors qu'il s'agira d'une seule mort qui sera suivie de Dignité et du bonheur éternel?»

Les propos des autres compagnons se ressemblaient. Par après, ils se sont levés pour passer la nuit dans la prière en préparation de leur rencontre avec Allah. Sur le plan des préparatifs de guerre, l'Imam (a. s.) ordonna de creuser un fossé derrière les tentes et de le remplir de bois et d'osier afin d'allumer du feu et d'en faire une protection derrière eux lorsqu'ils affronteraient l'ennemi.

Le jour de l'Ashûrâ, l'Imam Al-Hussayn (a. s.) et ses compagnons voulurent parler aux musulmans rebelles avant le déclenchement de la guerre. Sur sa chamelle, l'Imam (a. s.) envisagea les troupes, demanda aux hommes de l'écouter et leur dit:(515)

«Ô les gens! Ecoutez-moi et attendez mon exhortation: Vous avez cru en Muhammad (SAW) et vous voilà qui déferlez sur ses descendants afin de les tuer!

Ô les gens! Pensez à la parenté et dites-vous qui je suis puis revenez à vous-mêmes et considérez bien s'il vous est permis de me tuer et de profaner ma dignité!

Ne suis-je pas le petit-fils de votre Prophète?

Le propos du Messager d'Allah, selon lequel mon frère et moi «seront les seigneurs de la jeunesse du Paradis» ne vous est-il pas parvenu? Si vous en doutez, doutez-vous que je sois le petit-fils de votre Prophète? Par Allah! il n'y a pas entre l'Orient et l'Occident un petit-fils de Prophète autre que moi, parmi vous et parmi d'autres peuples que vous? Ai-je tué quelqu'un parmi vous? Me suis-je emparé d'un bien qui vous appartient? Suis-je poursuivi par la loi du talion?

Puis l'Imam (a. s.) appela:

Ô Shabath b. Rib'î! Ô Hajjâr b. Abjar! Ô Qays b. Al-Ash'ath!  Ô Zayd b. al-Hârith! Ne m'avez-vous pas envoyé vos lettres? Ne m'avez-vous pas écrit: «Viens! car les fruits sont mûrs et les alentours sont verdoyants; ton armée bien équipée te recevra ici?

Ô les gens! Si vous me détestez, laissez moi m'en aller!

Qays b. al-Ash'ath lui dit alors: «Pourquoi ne condescends-tu pas au commandement de tes cousins?»

Al-Hussayn (a. s.) dit: «(votre chef) bâtard et fils de bâtard insiste pour nous acculer à choisir entre la mort (par l'épée) et l'humiliation! Or loin de nous l'humiliation ..».

Ensuite il dit: «Par Allah! vous ne resterez après cela qu'un temps aussi court que celui d'une promenade à cheval puis ça tournera sur vous comme une meule ... Une promesse qui me fut transmise par mon père à partir de mon grand-père le Messager d'Allah ...».

Ensuite l'Imam (a. s.) leva les mains vers le ciel et dit: «Ô Seigneur! Qu'ils soient privés de pluie ... Ô Seigneur! Donne le pouvoir sur eux au jeune homme de Thaqîf (promis) afin qu'il leur fasse goûter le verre de l'amertume!»

Ainsi donc! L'armée du califat dans la Ummah de Muhammad (SAW) déclara la guerre à son petit-fils pour qu'il prêtât serment d'allégeance à Yazîd et se soumît au commandement d'Ibn Ziyâd. L'Imam Al-Hussayn (a. s.) et ses compagnons acceptèrent la mort de leurs hommes et la réduction de leurs femmes en captivité plutôt que de se résigner.

L'armée du califat s'apprêta à tuer le petit-fils du Prophète et à faire subir la captivité à Ahlul-Bayt (a. s.) afin que le calife et son gouverneur soient contents d'elle et afin de s'enrichir ici-bas.

Et l'Imam et ses hommes tomberont en martyrs pour l'Amour d'Allah et pour être rétribués le Jour de la Résurrection.

Les paroles et les actes des hommes des deux camps illustraient bien l'état d'esprit de chacune des deux armées opposées:

La parole et l'acte du prince de l'armée califale 'Umar b. Sa'd qui, de son arc, tira le premier une flèche et dit: «Soyez témoins auprès du prince (Ibn Ziyâd) que je suis le premier à avoir tiré!»

L'Imam Al-Hussayn (a. s.) leva les mains et dit: «Ô Seigneur! Dans toute adversité c'est en Toi que je place ma confiance! En toute épreuve c'est Toi mon Espoir!»

Les deux armées s'affrontèrent alors afin que se soit manifesté au grand jour ce que cachaient les curs des uns et des autres.


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