Mar07162024

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L'imam des Hanafites et le recours à l'opinion personnelle

L'imam des Hanafites et le recours à l'opinion personnelle



Al-Khatîb al-Bagdâdî rapporte (dans Târîkh Bagdad) à partir de Yûsuf b. Asbât: «Abû Hanîfah dit: «si le Messager d'Allah était resté en vie jusqu'à mon époque ou si moi j'avais été à la sienne, il aurait pris beaucoup de mes propos et décisions; la religion est -elle autre chose que la bonne opinion?».(427)

'Ali b. 'Açim rapporte ceci: «Nous avons proposé un hadîth à Abû Hanifah mais ce dernier dit: «je n'en veux pas du Prophète?». «Non, je ne le prends pas, répéta-t-il.

Les récits d'Abî Ishâq al-Fizârî; de Hammâd b. Salamah, de Wakî' et de Çâlih al-Farrâ' vont dans le même sens.(428)

L'auteur, ensuite, cita les récits dans lesquels Abû Hanîfah donna des avis religieux en opposition avec les hadiths prophétiques.

Nous avons revu les livres de hadiths les plus sûrs et nous trouvâmes que ces hadîths étaient effectivement rapportés à partir du Prophète (SAW). Ensuite nous avons revu les Fatwa (avis religieux, décisions) d'Abû Hanifah et nous trouvâmes qu'il avait effectivement émis des avis en opposition avec ces hadîths:

Al-Bukhârî et d'autres traditionnistes rapportent ceci: «Le Messager d'Allah donna au cheval deux parts (du butin) et en donna une à son maître».

Abû Hanîfah voit autrement la chose selon Ibn Rushd (Bidâyatul-Mujtahid)(429): «Le Messager d'Allah égratigna les offrandes (chameaux et chamelles) sur la bosse droite».

 

Ce hadith est rapporté dans les livres d'Al-Bukhârî (Livre du pèlerinage, chap. 51), de Muslim (h/ 205) d'At-Tirmidhî (Sunan, 64), d'Ibn Mâjah (Sunan, 96) d'Ad-Dârimî (Sunan,68), d'Ahmed (Al-Musnad, 1/216-254-280-334-339-347-372).

Or, dans Al-Muhallâ, Abû Hanîfah dit: «Je n'aime pas Al-Ish'âr (qu'on blesse l'animal; c'est une torture!). Ibn Hazm dit: «Ceci est une calamité qu'on critique un acte accompli par le Prophète!».(430)

Tant qu'elles ne se séparent pas, les parties contractantes gardent le choix(431) (de rompre ou de signer l'accord). Abû Hanifah, Malik et ceux qui les ont suivis dirent: «La vente s'accomplit par la parole même s'ils (les contractants) ne se séparent pas, de leurs corps ...».(432)

L'auteur expose ensuite cinq autres exemples où Abû Hanifah donna des Fatwa (avis) en opposition avec les hadîths prophétiques (chaussures du pèlerin, loi du talion, les ablutions etc.).

Peut-être les hadîths transgressés par Abû Hanifah et les autres Mujtahidîne dépassent-ils deux cents ou quatre cents comme l'a indiqué l'auteur de Târikh Bagdad. Mais le plus grave reste le fait qu'ils se sont forgé des règles d'Uçul comme Al-Qiyâs (déduire par analogie) l'Istihsân (trouver bon, mieux) et Al-Maçâlih Al-Mursalah (trouver intéressant ...) par les portes desquelles, ils légiféraient en conformité ou en opposition avec le Livre et la sunnah. C'est ainsi qu'ont évolué les lois islamiques dans l'Ecole des califes à tel point qu'elles sont toutes imputées à la Shari'ah. D'où cette croyance répandue chez les adversaires de l'Islam et chez certains Musulmans(433) que l'Islam était incomplet à l'époque du Messager et qu'il s'est perfectionné dans son évolution après lui (l'exemple de l'orientaliste juif: Goldzïher dans son livre: l'évolution de la foi et de la shari'ah en Islam).

La considération de l'opinion personnelle dans la législation Shar'î a conduit certains Mujtahidîne au sein de l'Ecole des califes à forger au nom des ruses juridiques des lois singulières qu'aucun code sur terre n'admet et qui font rougir de honte.(434)

Plus grave encore est la fabrication de hadîths élogieux de ces Mujtahidîne, imputés au Messager d'Allah (SAW), comme celui rapporté par Al-Khatîb à partir d'Abû Hurayrah citant le Prophète (SAW): «Viendra dans ma Communauté un homme appelé An-Nu'mân dont le surnom est Abû Hanîfah. Il est le flambeau de ma Communauté, il est le flambeau de ma Communauté (3fois)».(435)

Que dis-je alors? Que le roi Adh-Dhâhir Beybars al-Bandaqdârî, le Mamlûkî d'Egypte a rendu un service bienfaiteur à l'Islam quand il avait fermé la porte de l'Ijtihâd en l'an 665 de l'hégire ou non? (436)

En tout cas, l'Ijtihâd c'est à dire le recours à l'opinion personnelle fut ouvert dans l'Ecole des califes par le pouvoir en place à l'époque des califes "bien guidés", Râshidîne, et fermé par après et jusqu'à nos jours, par l'Autorité politique dirigeante.

Quant aux partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt, ils ont donné - suite à leurs Imams (a. s.) - le nom d'Al-Fiqh à cette science de la recherche juridique et celui d'Al- Faqîh (le docte) au jurisconsulte qui s'y spécialiste. Ainsi, Al-Kishî (dans Ma'rifatu-Ar-Rijâl) dit: les Fuqahâ' (pluriel de Faqîh) parmi les Compagnons d'Abî Ja'far et d'Abî 'Abdillah (a. s.) ... les plus versés dans Al-Fiqh parmi les prédécesseurs sont Zurârah, Ma'ruf b. Khurbûdh, Barîd al-'Ajlî, Abû Baçîr al-Asadî, Al-Fudayl b. Yasâr et Mohamed b. Muslim At-Tâ'ifî ...(437)

Il (Al-Kishî) dit aussi: «Les noms d'Al-Fuqahâ' parmi les compagnons d'Abî 'Abdillah (a. s.)...(438)

Sheikh As-Çadûq (m. en 381 h.) composa la première encyclopédie juridique dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt, basée sur le hadîth et appelé: "Faqîh man Lâ Yahduruhul-Faqîh".

Son élève, Sheikh Al-Mufîd (mort en 413 h.) composa Uçul al-Fiqh. Tout le monde savait que les Fuqahâ' (jurisconsultes) dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt ne donnaient pas le nom d'al-Ijtihâd au Fiqh.

Ainsi Sheikh At-Tûsî dit au début de son livre Al- Mabsût: «Certes, je continue à entendre nos adversaires dire ... celui qui rejette Al-Qiyas et Al-Ijtihâd n'a plus de moyen pour cerner les questions juridiques ...».

Néanmoins, la terminologie: Ijtihâd, Mujtahid a trouvé son chemin dans les livres de 'Uçul al-Fiqh au sein de l'Ecole d'Ahlul-Bayt et dans les licences accordées par les Shwyûkh (pluriel de Sheikh) à leurs élèves dans le domaine de la narration des hadîths.

D'abord la licence était accordée par le professeur à son élève suite à la narration des hadîths rapportés à partir des Ma'çûmîne (les Infaillibles).(439)

Ensuite l'octroi de la licence connut une certaine évolution: l'élève qui aura lu et rapporté les livres du hadîth devant son sheikh ou qui les aura entendu lire par lui aura sa licence.

Par après la licence comporta la capacité de rapporter les livres de hadîth ou d'autres sciences que l'élève eut lus devant son sheikh.

Dans le huitième siècle certaines licences présentaient les savants comme Mujtahidîne à l'instar de ce qui fit Ibn al-'Allâmah al-Hillîy quand il décrivit son père ainsi: «Mon père Sheikhul-Islam, imam des Mujtahidîne» (440) et quand il fut lui-même décrit comme: «Sheikhul al-Mawlâ, l'imam Al-'Allâmah, Khâtamul-Mujtahidîne» par 'Ali An-Nilûy dans la licence accordée à Ibn Fahd.(441)

Enfin, dans certains licences, il fut dit dans l'attestation délivrée au lauréat qu'il était parvenu au garde de l'Ijtihâd comme l'a écrit Al-Majlisî Mohamed Bâqir en 1085 h. en faveur de son petit-fils Al-Khawâtûn Abâdî suite à la narration de ses uvres par ce derniers.(442)

Dans ces derniers temps, les Fuqahâ' de l'Ecole d'Ahlul-Bayt délivrent parfois des attestations particulières à leurs élèves qui sont parvenus au garde de Mujtahid.

Ainsi ces termes (Ijtihâd et Mujtahid) sont passés dans la coutume de l'Ecole d'Ahlul-Bayt. Mais seul le nom est commun dans l'usage de ces termes par les deux Ecoles respectées. Pourtant (à cause de l'allergie ressentie à l'égard de ces termes) Al-Ikhbâriyyûn (les traditionnistes) parmi les partisans de l'Ecole d'Ahlul-Bayt en condamnèrent l'usage alors que le contenu, suivant qu'on est de ce côté ou de l'autre, est différent.

Comme les Fuqahâ' dans l'Ecole d'Ahlul-Bayt ne reposent sur aucun des fondements juridiques inventés par les partisans de l'Ecole des califes, ils comptent pour la déduction des lois sur le livre d'Allah et sur la sunnah de Son Messager (SAW).

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