Mar07162024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Chapitre: 3 L'Attitude des deux Ecoles à l'égard du Droit islamique (al-Fiqh) et

Chapitre: 3

 

L'Attitude des deux Ecoles à l'égard

 

du Droit islamique (al-Fiqh) et

* (l'effort fourni par le jurisconsulte

pour déduire le décret divin, la loi)



1- L'évolution sémantique du terme Al-Ijtihâd dans l'Ecole des califes.


Les deux termes Ijtihâd et Mujtahid sont apparus après l'époque des Compagnons et des Tâbi'îne qui parlaient plutôt d'interprétation quand cela voulait dire une violation de leur part de la loi religieuse en vigueur. Ainsi par exemple, lorsque Khâlid b. al- Walîd eut tué Mâlik b. Nuwayrah, le gouverneur du Prophète (SAW), il se présenta devant le calife Abû Bakr et dit en guise d'excuse: «Ô successeur du Messager d'Allah! J'ai interprété; j'ai eu (un peu) raison, (un peu) tort ». De même, quand 'Umar eut dit à Abû Bakr: «Khâlid a commis le zinâ (la fornication); lapide-le », le calife lui dit: «je ne peux le lapider car comme il a interprété, il s'est trompé!».

Citons aussi le récit d'Az-Zuhrî à partir de 'Urwah citant 'Aïsha: la prière fut décrétée (d'abord) deux Rak'at; celle du voyageur est restée ainsi tandis que celle du résident fut complétée (par deux autres rak'at). Az-Zuhrî demanda à 'Urwah: «Mais pourquoi donc 'Aïsha en état de voyage parachève-t-elle la prière?». «Elle a interprété comme l'a fait 'Uthmân». (324)

 

A son tour, Ibn Hazm dit (dans Al-Fiçal): «'Ammâr (r. d.) fut tué par Abîl-Ghâdiyah. Sachant que 'Ammâr avait prêté serment d'allégeance au Prophète (SAW) qu'il avait donc assisté à l'allégeance de la satisfaction divine, qu'Allah connaissait le contenu de son cur, qu'IL a fait descendre sur lui la Sakînah (la quiétude), 'Ammâr est tombé martyr (témoin d'Allah). En revanche, Abîl-Ghâdiyah, le Compagnon qui l'a tué a fait preuve d'interprétation. Mais, malgré son Ijtihâd, il s'est trompé. Sa récompense (et non-châtiment) est de recevoir une seule rétribution (au lieu de deux rétributions s'il ne s'était pas trompé). Mais le cas d'Abîl-Ghâdiyah est différent de celui des meurtriers de 'Uthmân (r. d.) car il n'y avait pas lieu pour ceux-ci d'opérer de l'Ijtihâd dans ce meurtre».(325)

En parlant du même compagnon: Abîl-Ghâdiyah, Ibn Hajar dit: «il convient de croire que les Compagnons qui ont participé à toutes ces guerres, faisaient usage d'interprétation. Or le musulman Mujtahid qui se trompe a droit à une rétribution, à plus forte raison s'il fait partie des Compagnons».(326)

Ibn Hazm (Al-Muhallâ) et Ibn At-Turkmânî (Al- Jawharun-Naqî) disent ceci: «Nulle divergence au sein de la Communauté, que 'Abdur-Rahmân b. Muljam n'a tué 'Ali qu'après avoir fait preuve d'interprétation et considère que son acte était juste, comme le dit en poésie 'Umrân b. Hittân:

Oh! Le coup du pieux!

Dont il ne vise que l'agrément d'Allah.

Quant je me souviens de lui

Je le considère comme ayant auprès d'Allah

Le plateau de la balance le plus rempli.(327)

Le Sheikh 'Abdullatif écrivit aussi en marge du livre Aç-Çawâ'iq: «Tous les Compagnons à l'époque de 'Ali étaient ou bien de son côté ou bien contre lui ou neutres pour cause d'interprétation. (L'erreur) ne les sort point du statut de l'équité».(328)

En parlant de Yazîd b. Mu'âwiyah, Ibn Kathîr dit: «Ils ont expliqué ses agissements comme consécutifs à son interprétation qui déboucha sur l'erreur... Ils ont dit aussi: il était imam (calife) vicieux mais non passible de démission... Il n'est pas permis de se soulever contre lui. Quant à l'information selon laquelle Yazîd afficha une grande joie quand il a entendu parler de ce qu'avait fait son armée des habitants de Médine le Jour d'Al-Harrah, cela s'explique par le fait qu'il se voyait l'imam (le calife) légitime à l'obéissance duquel ils ont manqué. Comme ils ont pris un autre prince que lui, il avait le droit de les combattre jusqu'à leur retour à l'obéissance et leur intégration à l'ensemble de la Communauté».(329)

Ainsi les deux compagnons Khâlid b. al-Walîd et Abû Bakr, dans le premier récit, qualifièrent l'assassinat de Mâlik b. Nuwayrah et le mariage avec sa femme, d'interprétation.

Etait aussi une interprétation l'acte par lequel Aïsha parachevait la prière du voyageur en contradiction avec le hadîth qu'elle avait elle-même rapporté.

Pour Ibn Hazm, Abûl-Ghâdiyah, l'assassin de 'Ammâr b. Yâsir a fait preuve d'interprétation et eut donc droit à une seule rétribution (parce qu'il s'est trompé).

On a dit la même chose du meurtrier de 'Ali (a. s.) ...

Ainsi la mise en application des opinions personnelles fut d'abord comprise comme un acte d'Ijtihâd. Ensuite, les savants dans l'Ecole des califes, emboîtèrent le pas aux Compagnons et aux califes dans ce domaine et se permirent d'ouvrir la porte de l'Ijtihâd c'est à dire en fait la valorisation de l'opinion personnelle. Mais ils ont découvert pour cela des règles dont l'ensemble fut appelé science des fondements de la jurisprudence. Le recours à ces règles et l'acte par lequel ils en déduisaient les décrets religieux ou lois furent aussi appelés: Ijtihâd; celui qui s'y exerce fut appelé Mujtahîd.

Pour la terminologie islamique proprement dite la science religieuse s'appelle Al-fiqh et celui qui l'exerce s'appelle Al-faqîh. Pour en savoir plus, il convient d'étudier ces trois volets de la question.

- L'appellation

- Les premiers Mujtahîd du premier siècle de l'hégire et les différents lieux de leur Ijtihâd.

- Al-Ijtihâd au deuxième siècle de l'hégire et après cette période - la déduction des lois par le recours aux acts des Compagnons.

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