Mar07162024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Dix sortes d'occultation et de falsification de la Sunnah du Messager (SAW) et des récits relatifs

Dix sortes d'occultation et de falsification de la Sunnah du Messager (SAW) et

 des récits relatifs à la sîrah d'Ahlul-Bayt et des Compagnons.



Le comportement de l'Ecole des califes à l'égard de la Sunnah du Messager (SAW), qui s'oppose à son orientation

La négation du testament

Comme le surnom du Waçi (dépositaire institué par le Prophète SAW) qu'avait l'Imam 'Ali (a. s) était très célèbre et que cette célébrité contrariait la politique de l'Ecole des califes, celle-ci réagit par la négation d'Al- Waçiyyah (le testament) et l'occultation des textes qui s'y rapportaient.

La mère des Croyants Aïsha commença par concrétiser cette réaction par une campagne de contre information très forte visant à la négation du testament puis cette campagne a été continuée sous d'autres formes, à travers les siècles. L'occultation des textes relatifs au testament fut l'entreprise la plus importante de l'Ecole des califes dans ce domaine. Le chercheur qui s'y penche et persévère dans l'exploration des documents découvrira sûrement quelque chose d'énorme et de grave. Ci-après dix sortes de cette occultation, allant de la moins importante à la plus importante.

|1|- La suppression d'une partie du hadith prophétique; Et son remplacement par un mot vague.

Citons à titre d'exemple ce que firent At-Tabarî et Ibn Kathîr du récit relatif à l'appel lancé par le Prophète (SAW) à Banî Hâshim. A propos du commentaire du verset 214/XXVI (Avertis ton clan le plus proche), les deux exégètes supprimèrent une partie du hadîth prophétique: «mon dépositaire et mon calife parmi vous» et la remplacèrent par (comme ci, comme çà).

 

Le même sort fut réservé au récit relatif à la consultation par le Messager (SAW) de ses Compagnons au sujet de la bataille de Badr et à leur réponse.

Ibn Hishâm et At-Tabarî rapportèrent ceci:

«L'information parvient au Messager (SAW) que Quraïsh s'est mobilisée pour défendre sa caravane. Le Prophète (SAW) consulta alors les gens à ce sujet. Abû Bakr as-Siddîq se leva et parla bien. Ensuite 'Umar b. al-Khattâb se leva et parla bien. Al-Miqdâd b. Amru, lui, dit: «Ô Messager d'Allah! Va à l'exécution de l'ordre d'Allah et nous sommes avec toi. Par Allah, nous ne te disons pas comme avaient dit les fils d'Israël à Mûssâ («Mets-toi en marche, toi et ton Seigneur; combattez tous deux; quant à nous, nous restons ici» V. 24/V) mais nous te disons: mets-toi en marche, toi et ton Seigneur; combattez et nous combattons sûrement avec vous!». Jusqu'alors le Messager d'Allah (SAW) apprécia son propos et invoqua Allah pour le récompenser en bien.

La réponse de Sa'd b. Mu'âdh al-Ancârîy fut celle-ci: «Mets-toi en marche ô Messager d'Allah en vue de réaliser ce que tu veux. Nous sommes avec toi. Par Celui Qui t'a envoyé avec la Vérité, si tu affrontes avec nous cette mer, nous y plongerons avec toi sans que l'un de nous ne s'en abstienne...»

Le Prophète (SAW) fut très content de la parole de Sa'd et cela l'encourage (à y aller).

Voyons! Quelle était, au juste, la réponse des deux Compagnons Abû Bakr et 'Umar au Messager d'Allah (SAW)??

Il est clair que le contenu de leur réponse fut supprimé et remplacé par une expression vague: parla bien. Si cela était bien pourquoi le supprimer tandis que le propos d'al-Miqdâd le Muhâjirite et celui de Sa'd b. Mu'âdh l'ançarite furent rapportés? Consultons le recueil (Sahîh) de Muslim. Voici comment il rapporta le récit précédent (le début): «Le Messager d'Allah (SAW) consulta ses Compagnons lorsqu'il apprit l'arrivée d'Abî Sufiân. Quand Abû Bakr parla, le Prophète lui tourna le dos; ensuite parla 'Umar et il lui tourna le dos ...».(211) Pourquoi le Prophète (SAW) leur a-t-il tourné le dos s'ils avaient dit du bien? Quel était au juste le propos de chacun d'eux? Nous avons cherché et trouvé le contenu de la réponse chez Al- Wâqidîy et Al-Maqrîzîy:

«'Umar dit: Ô Messager d'Allah! il s'agit - par Allah - de Quraïsh et de sa puissance! Par Allah, elle n'a jamais succombé depuis qu'elle est devenue puissante! Elle n'a jamais cru depuis qu'elle s'est accrochée à sa mécréance. Par Allah! elle ne cédera jamais et elle te déclarera la guerre; prépare-toi donc à cela et amasse ton équipement...»

Nous avons vu que d'après le récit d'Ibn Hishâm d'At-Tabarî et de Muslim le Compagnon 'Umar parla après Abû Bakr, que chacun d'eux (selon At-Tabarî et Ibn Hishâm) parla bien, que selon Muslim, le Prophète tourna le dos à l'un puis à l'autre. De là on déduit que leur parole (celle d'Abû Bakr et de 'Umar) était identique. En faisant abstraction de la parole d'Abû Bakr et en se contentant d'évoquer celle de 'Umar, Al- Wâqidî et Al-Maqrîzîy, nous mettons le doigt sur le fait que la parole de ces deux Compagnons était identique.

Comme leur propos contrarie certaines personnes, une partie en fut supprimée dans chacun des récits rapportés par At-Tabarî, Ibn Hishâm et Muslim.

C'est pour avoir réussi ce genre d'occultation, que ces livres sont devenus les références par excellence de l'Ecole des califes.

Le recueil d'Al-Bukhârî qui, à ce sujet, n'en souffla pas mot, est devenu le plus célèbre, le plus authentique et le plus sûr!

At-Tabarî et Ibn Kathîr remplacèrent, donc, dans le hadith prophétique, «mon dépositaire et mon calife» par «comme ci, comme çà», parce que le récit dans son intégralité était susceptible d'aviser la communauté du droit de l'Imam 'Ali (a. s.) au pouvoir suprême. Or cela ne devait pas être diffusé!

Ce genre d'occultation est très répandu chez les savants de l'Ecole des califes.

|2|- La suppression de la totalité du récit relatif à la sîrah des Compagnons, avec, toutefois, une allusion à cette suppression.

Citons, à ce propos, l'exemple de la correspondance qui fut entretenue par Mohamed b. Abî Bakr et Mu'âwiyah. L'auteur de Çaffine, Nasr b. Muzâhim (mort en 212 h.) et celui de Murûj Adhahab, Al-Mas'ûdî (mort en 346 h.) donnèrent en détail le texte de la lettre envoyée par Mohamed b. Abî Bakr à Mu'âwiyah. Comme le texte comporte les mérites de l'Imam 'Ali y compris celui d'être le dépositaire du Prophète et la réponse de Mu'âwiyah qui reconnut ces mérites en plus des détails en opposition avec l'auréole des califes, At-Tabarî supprima les deux lettres de son livre en citant la chaîne des rapporteurs de ces deux lettres, jusqu'à lui-même. Comme excuse, il affirme que les gens ne supporteraient pas d'entendre le contenu des deux lettres. Cela veut dire qu'il a caché la vérité (aux lecteurs et aux gens).

Après lui, Ibn al-Athîr fit de même et donna la même excuse.

Ensuite Ibn Kathîr fit allusion à la lettre de Mohamed b. Abî Bakr dans son encyclopédie de l'histoire(212) et se contenta de dire: «elle est dure» (les gens ne supporteraient pas d'entendre le contenu de ces deux lettres) signifie en fait qu'après avoir pris connaissance des deux lettres, la foi des gens en les califes sera ébranlée, voire perdue. Ce genre d'occultation (supprimer le récit tout en reconnaissant l'existence de son contenu) est rare chez les savants de l'Ecole des califes.

|3|- L'interprétation du sens du hadith prophétique.

Citons ici l'exemple d'Adh-Dhahabî(213) qui, à propos de la biographie d'An-Nasâ'î, rapporta ce qui suit:

On demanda à An-Nasâ'î de rapporter les mérites de Mu'âwiyah. An-Nasâ'î dit: «Que rapporterai-je? Ô Seigneur! Ne rassasie jamais son ventre!».

Adh-Dhahabî commente:

«Peut-être est-ce là un mérite, une vertu de Mu'âwiyah en raison du hadith selon lequel le Prophète (SAW) aurait dit (dit): «Ô Seigneur! Fais que la malédiction ou l'insulte que j'inflige à quelqu'un soit pour lui une purification et une miséricorde!».

Adh-Dhahabî (mort en 748 h.) se contenta de dire (peut-être, il est probable ...) Mais, après lui, Ibn Kathîr (mort en 774 h.) dit carrément: «Mu'âwiyah tira bénéfice dans sa vie d'ici-bas et dans l'autre vie de cette invocation (faite par le Prophète contre lui: Ô Seigneur! Ne rassasie jamais son ventre!).

Ainsi les hadiths et les récits qui comportent une condamnation des dirigeants, des califes ou des gouverneurs sont interprétés de telle manière que cela se transforme en un éloge de leurs mérites.

Enfin examinons de plus près ces récits selon lesquels le Prophète (SAW) aurait - Qu'Allah nous en préserve - maudit des croyants.

Méditons ces récits imputés au Messager d'Allah (SAW). Il aurait dit: «Ô Seigneur! J'ai contracté auprès de Toi un pacte; Tu n'y manqueras pas, pour moi: je ne suis qu'un homme donc quel que soit le croyant que j'offense, que j'insulte, que je maudisse ou que je fouette, Tu feras que cela soit transformé pour lui en prière, purification et oblation susceptible de le rapprocher de Toi le Jour de la résurrection».

En écrivant cela, je sens comme si j'étais poignardé dans le cur à cause de l'énormité de ce qu'on a imputé au Messager d'Allah (SAW). Ces gens rapportent ce récit en opposition avec la parole d'Allah - gloire à Lui -: «En vérité, tu es d'une moralité éminente». (V. 4/LXVIII)

Ce récit aurait pu être cité aussi comme exemple de la huitième sorte de l'occultation (le remplacement des hadîths authentiques par des récits fabriqués).

|4|- La suppression d'une partie du propos d'un Compagnon sans y faire allusion.

Prenons comme exemple de ce genre d'occultation l'amputation du poème du Compagnon ançarite An-Nu'mân b. 'Ajlân, dont nous avons déjà cité deux vers dans le cadre des traces de la Waçiyyah (le testament) dans la poésie arabe. Ce poème fut rapporté dans son intégralité par Az-Zubayr b. Bakkâr au cours des événements relatifs aux disputes et argumentations d'al-Muhâjirîne et d'al-Ançar à la Saqîfah. Pour répliquer à 'Amru b. al-'Açi qui parla, en cette occasion, contre al-Ançar, An-Nu'mân b. 'Ajlân récita ce poème dans lequel, il rappelait l'attitude d'al-Ançar lors des batailles menées par le Messager d'Allah (SAW) contre Quraïsh, l'hospitalité dont ils avaient fait preuve à l'égard des Muhâjirîne quraïshites (par le partage notamment de leurs biens avec eux) et, enfin, les événements de la Saqîfah:

Et vous dites que l'investiture de Sa'd est illicite. Que celle de 'Atîq b. 'Uthmân (Abû Bakr) est licite!

Certes Abû Bakr en est digne ...

Mais 'Ali en est plus digne.

Notre tendance était pour 'Ali!

Comprends-tu, ô 'Amru qu'il en est digne à ton insu? Par la force d'Allah, il appela à la guidance,

Prohibe la turpitude, l'injustice et le blâmable

Dépositaire du Prophète élu et son cousin

Tueur des cavaliers de l'égarement et de la mécréance.

Et celui-ci - Abû Bakr - louange à Allah -, guide les yeux contre l'aveuglement et ouvre des oreilles alourdies par la fissure, confident du Messager d'Allah, seul, avec lui dans la grotte et son ancien ami As-Siddîq.

Dans son livre, Alistî'âb, Ibn 'Abdil-Bar rapporta le poème précédent à l'exception des vers suivants:

Par la fore d'Allah, il appela à la guidance,

Prohibe la turpitude, l'injustice et le blâmable.

Dépositaire du Prophète élu et son cousin

Tueur des cavaliers de l'égarements et de la mécréance.

Ibn 'Abdil-Bar supprima ces vers du fait qu'ils comportent l'éloge de 'Ali (a. s.) le Dépositaire du Prophète (SAW) et son cousin mais il garda bien les vers qui vantent les mérites d'Abû Bakr.

Après lui vint Ibn al-Athîr qui, à propos de la biographie du même poète ançarite, rapporte (dans son livre 'Usudul-Ghâbah) une partie du poème de ce Compagnon, récité à la Saqîfah. Mais, à son tour, il en supprima les vers relatifs à la polémique de ce jour-là et les vers faisant l'éloge de l'Imam 'Ali (a. s.) et soulignant sa qualité de Waçi ou Dépositaire du Prophète.

Enfin vint Ibn Hajar et rapporta le poème sans en citer les vers relatifs à la question du califat.

Ainsi, au fur et à mesure qu'on s'éloigne de l'époque et de l'événement, les savants suppriment dans les récits rapportés les passages qui ne leur plaisent pas. Par conséquent, la compréhension de la réalité historique devient de plus en inaccessible.

|5|- La suppression de l'intégralité du hadîth prophétique sans y faire allusion.

Quand Ibn Hishâm s'était inspiré de la "Sîrah" prophétique d'Ibn Ishâq, rapportée par Al-Bakkâ'î, il dit dans la préface du livre: «... En laissant de côté une partie de ce que rapporta Ibn Ishâq dans ce domaine ... des choses qu'il ne conviendra pas de citer dans notre propos afin qu'elles ne l'entachent paset des choses susceptibles de choquer les gens ...».

Le récit de l'avertissement fait partie de ce qu'Ibn Hishâm a retranché de la Sîrah prophétique d'Ibn Ishâq: On a vu qu'après la révélation du verset 214/XXVI (Avertis ton clan le plus proche), le Messager (SAW) invita Banî 'Abdil-Muttalib, les appela à l'Islam et dit : «Qui parmi vous m'aidera à cet effet? Il serait alors mon frère, mon dépositaire et mon calife parmi vous!». Quand tous les hommes s'en abstinrent et que 'Ali b. Abî Tâlib répondit: «Moi, ô Messager d'Allah! Je serai ton assistant (ministre) en cette affaire», il le prit de la nuque et dit: «Certes voici mon frère, mon dépositaire et mon calife parmi vous! Ecoutez-le donc et obéissez-lui!». A ce moment là, les hommes se levèrent en riant et dirent à Abî Tâlib: «Il t'a ordonné d'écouter ton fils et de lui obéir».(214)

Ibn Hishâm supprima ce récit de son livre ainsi que d'autres récits que la clique du califat n'aimait pas entendre. C'est pour cette raison que la "Sîrah prophétique" d'après Ibn Ishâq fut négligée à tel point qu'on n'en trouve presque pas de copie.(215) En revanche, la Sîrah d'Ibn Hishâm est devenue la plus célèbre et la plus sûre chez les gens.

Lorsque At-Tabarî s'est rendu compte de la valeur du récit précédent qu'il avait rapporté dans son Histoire, il se rattrapa dans son uvre exégétique et commenta ainsi le verset précité:

«Qui m'aidera en cela pourvu qu'il soit frère et comme ci comme çà ...». Ensuite il dit: «certes voici mon frère et comme ci, comme çà! Ecoutez-le donc et obéissez-lui! ...».(216)

Ibn Kathîr fit de même dans son livre Al-Bidâyah wan-Nihâyah et dans son commentaire du Coran.

Pire encore ce que fera après eux Mohamed Hussayn Haykal dans son livre Hayât-Muhammad. Dans la page 104 de la première édition de son livre, il rapporta le récit précédent dans ces termes: «Qui m'aidera en cela et il sera mon frère, mon Dépositaire et mon Calife parmi vous?». Dans la deuxième édition de 1354 h., page 139, il supprima le récit tout entier.(217)

Ce genre d'occultation (la suppression du récit sans y faire allusion est très répandue chez les savants de l'Ecole des califes).

|6|- L'interdiction d'écrire la sunnah du Messager (SAW).

C'était l'une des sortes d'occultation de la sunnah, les plus importantes dans l'Ecole des califes. Cette interdiction débuta à l'époque du Messager (SAW) quand Quraïsh eut interdit à 'Abdillah b. 'Amru b. al-'Aç d'écrire le hadith du Messager (SAW) sous prétexte que celui-ci pourrait parler tantôt sous l'emprise de la colère, tantôt sous le coup du contentement. Quraïsh ici signifie al-Muhâjirîne parmi les Compagnons du Messager (SAW); c'est à dire ceux qui empêchèrent le Prophète d'écrire son testament à la dernière heure de sa vie. Lorsqu'ils eurent pris le pouvoir après sa mort, ils interdirent l'écriture du hadîth et cette interdiction resta de rigueur jusqu'à l'époque du calife umayyade 'Umar b. Abdil-'Azîz qui leva la prohibition et ordonna de compiler le hadith du Messager (SAW).

L'auteur d'Al-Aghânî rapporta selon sa propre chaîne, à partir d'Ibn Shihâb, le récit suivant: «Khâlid b. 'Abdillah al-Qasrî me dit:

- Écris-moi les lignées arabes.

Je commençai alors par Mudar (ensemble de tribus arabes). J'y suis resté des jours durant. Une fois chez lui, il me demanda:

- Qu'as-tu fait?

- J'ai commencé par les lignées de Mudar mais je n'ai pas fini, répondis-je.

- Déchire le (le travail écrit). Qu'Allah le déchire avec leurs racines!, m'ordonna-t-il, et écris-moi la sîrah (biographie et vie du Prophète (SAW)).

- Oui, remarquai-je, mais quelques traits de la sîrah de 'Ali b. Abî Tâlib interviendront au passage, les noterai-je aussi?.

- Non, répondit-il à moins que tu le voies au fond de la Géhenne!!».(218)

On le voit bien. Les autorités en place empêchèrent d'écrire le nom de l'Imam 'Ali (a. s.) à moins que cela constitue une diminution pour lui; comment permettent-elles alors d'écrire la sunnah du Messager (SAW) qui stipule que le Messager le désigna comme successeur et dépositaire??

Les califes ont prohibé donc et à travers les siècles la diffusion de la sunnah du Messager (SAW) et condamné ceux qui s'opposaient à leur orientation à la liquidation au sens propre ou au sens figuré.

|7|- La dépréciation des récits, des narrateurs de la sunnah du Messager (SAW) et des livres qui critiquent l'Autorité en place et - parfois - le meurtre des opposants.

Le chercheur ne peut pas recenser les actes par lesquels les savants (de l'Ecole des califes) déprécient le narrateur ou le livre qui diminue le sultan ou le gouverneur. Parfois la foule, portée contre les opposants, tue le savant qui marche en sens inverse du courant comme cela fut arrivé à An-Nasâ'î, l'auteur de l'un des recueils de hadîths les plus authentiques (chez l'Ecole des califes).

Le compagnon Abû Dhar (r. d.) fut aussi, bien avant An-Nasâ'î, éprouvé et offensé. Plusieurs savants furent tués pour s'être opposés aux choix politiques en vigueur. L'érudit Al-Amînî dressa la biographie de certains d'entre eux dans son livre Shuhadâ'ul-Fadîlah (Les Martyrs de la Vertu).

|8|- La mise à feu des livres et des bibliothèques.

Ce genre d'occultation des hadiths prophétiques commença à l'époque du calife 'Umar b. al-Khattâb. Ibn Sa'd rapporte dans At-Tabaqât que les hadiths devenaient, à l'époque de 'Umar, de plus en plus nombreux. Alors le calife pria les gens de les lui apporter. Une fois entre ses mains, il les brûla.

Az-Zubayr b. Bakkâr(219) rapporte aussi que Sulaymân b. 'Abdil-Malik, quand il était seulement prince héritier, passa en pèlerin par Médine et ordonna à Abân b. 'Uthmân de lui écrire (composer) la biographie (la sîrah) du Prophète (SAW) et ses expéditions militaires. Abân lui dit alors: «Je l'ai déjà; je l'ai eue de quelqu'un de confiance et authentifiée». L'ordre fut donné à dix scribes de la recopier sur un parchemin. Quand le prince l'eut parcourue et trouvé l'allégeance d'al-Ançar aux deux 'Aqabah, leurs mérites à la bataille de Badr, il dit:

«Je ne croyais pas que ces gens avaient tout ce mérite; ou bien les membres de ma famille - c'est à dire les califes umayyades - les ont brimés ou bien ils ne sont pas aussi valeureux que cela». Adâm dit alors: «Ô prince! Leur attitude à l'égard du martyr tué injustement - 'Uthmân, le calife - ne nous empêchera pas de dire la vérité: ils sont tels que le raconte notre livre. ­ Je n'en ferai une copie qu'après avoir averti le prince des Croyants - son père 'Abdil Malik - peut-être s'y opposera-t-il. Finalement, il brûla le livre. Quand son père fut informé de ce qui s'est passé, il dit: «Que veux-tu d'un livre où nous n'avons aucun mérite? Veux-tu apprendre aux Syriens les choses que nous voulons qu'ils n'apprennent jamais?, demanda 'Abdil Malik. Sulaymân répondit: «C'est pour cela que j'ai ordonné de brûler la copie et attendu de connaître le point de vue du prince des croyants».

Le calife apprécia son opinion.

Ainsi les califes des Musulmans et leurs princes héritiers ordonnèrent de brûler les livres de la sunnah du Messager (SAW) pour que les Musulmans n'apprennent pas ce qui pourrait s'opposer aux intérêts de l'Autorité en place. En outre, des bibliothèques entières comportant des livres de hadiths furent brûlées.

La bibliothèque d'Al-Karkh, édifiée à Bagdad par le ministre des Buwayhî et partisan de l'Ecole d'Ahlul-Bayt (a. s) fut brûlée par les Saljuqides (partisans de l'Ecole des califes) après leur conquête du pouvoir.

La bibliothèque du Sheikh At-Tûsî, à Al-Karkh, fut brûlée aussi.

En Egypte, après la conquête du pouvoir par Salâhud-Dine, les bibliothèques des califes fatimides furent brûlées. Voyons! Qui peut savoir combien de hadîths sont allés en pure perte à cause de ces incendies volontaires?

Combien y avait-il de hadîths authentiques relatant les droits d'Ahlul-Bayt (a. s.), le testament du Prophète (et les autres trésors de la sunnah)?

|9|- La suppression d'une partie du récit relatif à la sîrah des Compagnons et sa falsification.

Citons l'exemple du sermon de l'Imam Al-Hussayn (a. s.) rapporté par At-Tabarî et Ibn al-Athîr dans leurs traités respectifs de l'histoire:

«Savez-vous qui je suis? Pensez-y ensuite, revenez à vous-mêmes en vous blâmant et demandez-vous s'il vous est permis de me tuer et de profaner ma dignité. Ne suis-je pas le petit-fils de votre Prophète (SAW) et le fils de son dépositaire (Waçi) qui fut son cousin, le premier à avoir embrassé l'Islam, à avoir cru en Allah et en Son Messager? ... Hamzah, le maître des martyrs n'est-il pas l'oncle de mon père? Ja'far, le martyr ailé n'est-il pas mon oncle?».

Dans son Histoire, Ibn Kathîr falsifia le récit et rapporta le récit comme suit:

«Revenez à vous-mêmes et jugez-vous vous-mêmes! Vous convient-il de combattre un homme comme moi alors que je suis le petit-fils de votre Prophète? Il n'y a pas sur terre un autre petit-fils du Prophète que moi, 'Ali est mon père, Ja'far, celui qui a deux ailes est mon oncle et Hamzah le maître des martyrs est l'oncle de mon père».(220)

On le voit; Ibn Kathîr supprima l'évocation du testament et en amputa le sermon de l'Imam Al- Hussayn parce que la mention d'al-Waçiyyah attirerait l'attention de la communauté au droit de l'Imam 'Ali et des petits-fils du Messager (SAW) à la succession et au pouvoir. Or la diffusion de ce statut inquiète - l'autorité en place. Alors Ibn Kathîr falsifia le sermon (pour y parer).

|10|- La fabrication des récits inventés pour remplacer les hadîths authentiques.

Prenons un exemple: At-Tabarî rapporte à propos des événements de l'année 30 de l'hégire le récit concernant Abû Bakr (r. d.): «En cette année, Mu'âwiyah bannit Abû Dhar de la Syrie à Médine. On en a cité plusieurs motivations que je n'aime pas citer. Ceux qui trouvent une excuse à Mu'âwiyah évoquèrent une anecdote que m'a envoyée Assarîy qui rapporte que Sayf raconta à Shu'ayb ...».

Ibn al-Athîr emboîta le pas à At-Tabarî et dit à propos de l'année 30 de l'hégire: «En cette année, Abû Dhar fut expulsé par Mu'âwiyah de la Syrie à Médine. Parmi les conditions et les causes de cet exil auquel fut assujetti Abû Dhar, on a cité les insultes, la menace de meurtre proférée par Mu'âwiyah contre lui, le bannissement de la Syrie à Médine sur une monture sans selle, sans bât et l'expulsion de Médine dans de très mauvaises conditions qu'il ne convient pas de transmettre ...».

Qui était donc ce Sayf qui rapporta l'anecdote qui comportait les excuses trouvées à Mu'âwiyah dans sa persécution d'Abû Dhar?

C'est Sayf b. 'Umar At-Tamîmîy (mort en 170 h.). Il a rapporté des récits relatifs à l'époque du Messager (SAW), à la Saqîfah, à l'allégeance prêtée à Abu Bakr, à la guerre menée contre les apostats, aux conquêtes islamiques, à la Guerre du Chameau ...

Les traditionnistes et critiques des narrateurs disent de lui:

- Faible; son hadîth délaissé; il est nul; grand menteur; inventeur de hadîths; accusé d'hérésie.(221)

Dans ses récits, il a inventé plus de 150 compagnons du Prophète (SAW). Nous avons publié des études détaillées sur soixante treize d'entre eux dans le 1e et 2e tomes de notre livre (cent cinquante Compagnons inventés).

Ses récits fabriqués ont été diffusés dans plus de 70 (soixante-dix) recueils et références concernant des domaines divers comme le hadith, l'histoire, la littérature et d'autres sources d'études islamiques dans l'Ecole des califes. L'auteur qui puisa le plus des écrits de Sayf fut At-Tabarî dans son "histoire".

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