Mar07162024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

Back Vous êtes ici : Accueil Bibliothèque Les Compagnons Bilâl D'afrique L'interrogatoire De Bilâl

L'interrogatoire De Bilâl

L'interrogatoire De Bilâl


Sur le chemin, Omayyah tentait de se convaincre que tout ce que cet homme lui avait raconté était un pur mensonge. Il se disait: «Quel mensonge! Comment Bilâl pourrait-il faire une chose pareille?! Même si une telle pensée a effleuré son esprit une seconde, il l'abandonnera tout de suite, dès qu'il se rendra compte que je n'en suis pas content. Il connaît quand même bien mon tempérament!»

Lorsque Omayyah arriva à la maison , il cria à tue-tête: «Bilâl... Bilâl!»

En entendant la voix de son maître, Bilâl accourut vers lui en toute hâte, le salua et resta debout et immobile devant lui. Les autres esclaves qui assistèrent à la scène regardaient ça et là, comme pour comprendre ce qui se passait. Bilâl n'avait guère vu son maître dans cet état. Il se douta bien que Omayyah avait entendu quelque chose à propos de sa conversion à l'Islam. Son visage devint pâle et il se mit à trembler de peur, tel un saule.

Tout son être se tourna alors vers Allah et il murmura: «O Seigneur du monde! Viens à mon secours, car cet homme brute vient de découvrir mon secret».

Omayyah cria d'une voix tremblante et colérique: «Bilâl! Qu'est-ce qu'on raconte sur toi? J'ai entendu dire que tu as épousé la Foi de Mohammad, l'orphelin. As-tu vraiment fait une telle absurdité? Comment oses-tu le faire? Oublies-tu que tu es mon esclave? Ne sais-tu pas que tu es dépouillé de tout choix personnel?»
 

À mesure qu'il parlait, le ton de sa voix s'élevait. Tous ceux qui étaient présents dans la maison, tremblaient de peur. Bilâl blêmissait de plus en plus, comme si le monde était devenu noir à ses yeux et qu'il était devant une montagne de difficultés. Toutefois il resta debout et calme dans un coin.

Omayyah continua à prononcer des mots durs à l'adresse de Bilâl: «Tu dois réparer immédiatement la faute que tu as commise et te repentir. Tu dois aussi injurier Mohammad l'orphelin qui est un dément. Tu m'as déshonoré. Personne n'a jamais pensé que quelqu'un de ma maison puisse avoir l'audace de faire ce que tu as fait».

Bien que Bilâl fût incapable sur le moment de rassembler son courage pour répondre pertinemment à son maître, il décida tout de même d'opposer un refus à ce qu'il exigeait de lui, car ayant exprimé sa Foi en Allah, il ne craignait rien d'autre que Lui et considérait que tous les pouvoirs fragiles et éphémères n'étaient rien comparés à Celui d'Allah. Aussi dit-il à son maître: «J'ai exprimé ma Foi et je n'ai pas peur de le dire. De plus, je n'ai nullement l'intention d'abjurer ma foi. Je suis ton esclave mais en matière de croyance, je suis libre».

Bilâl n'avait pas encore terminé sa parole lorsque Omayyah se jeta sur lui avec rage, faisant taire sa faible voix avec ses puissantes mains. Il le tint par la gorge et la serra tellement fort que le pauvre faillit être étranglé. Puis il lui administra des coups successifs très violents. De chaque côté vers lequel Bilâl se tournait, il recevait un coup sur une partie de son corps. Le premier monothéiste d'Éthiopie ne résista pas longtemps à ce sauvage passage à tabac. Il perdit connaissance et tomba dans un coin.

Omayyah toujours furieux, tournait en rond en grognant: «Hélas! Qu'a fait Mohammad?! Il a pénétré nos maisons et atteint nos esclaves. Pourquoi les notables de la Mecque ne prennent-ils pas les mesures nécessaires pour mettre un terme à cette calamité? S'il survit plus longtemps, il rendra la vie amère pour les gens. Hélas! Quelle époque! Un esclave a pris tellement d'assurance qu'il se permet de parler en ma présence d'exprimer sa Foi! Pauvre type! Il oublie qu'il ne doit pas ouvrir la bouche devant moi».

Toutes les personnes présentes dans la maison se réfugièrent chacune dans un coin, tremblant de peur. Ils avaient envie à certains moments de maudire Bilâl pour avoir mis leur maître dans cet état de fureur. Ils craignaient que d'autres personnes subissent son courroux meurtrier.

Un silence de mort régnait dans la maison. Seuls les hurlements rugissants de Omayyah, et parfois les lamentations déchirantes de Bilâl étendu à terre, souffrant de douleur, brisaient le silence, pour rendre le climat encore plus terrifiant.

Personne n'était capable d'ouvrir la bouche. Omayyah élevant encore la voix, dit sur un ton menaçant et déterminé:

«Je jure par al-Lât et al-'Uzzâ(21) que si cet esclave ne renie pas ce qu'il a dit, je le tuerais de la manière la plus horrible, afin que les autres sachent qu'ils n'ont pas le pouvoir que Bilâl s'est accordé.

Des signes de malaise et d'angoisse se dessinèrent clairement sur son visage. Sombrant subitement dans une profonde apathie, il s'allongea dans un coin de la maison. La chaleur l'indisposait et le feu de la colère enflammait son corps. Cependant, il sentait qu'il ne possédait pas suffisamment d'énergie pour faire quoi que ce soit.

Il se dit: «Si cet esclave ne meurt pas, il renoncera sans aucun doute à sa conversion. Il abdiquera certainement sa Foi. Toutefois cette affaire doit être repensée profondément et les notables de la Mecque ne doivent pas sous-estimer la gravité de la situation. Ils doivent prendre conscience de ce que Mohammad a fait».

Puis il pensait autrement: «Non, cette affaire n'est pas bonne pour moi, car les gens vont penser que je ne détiens plus aucune autorité dans ma propre maison. Mais ils réaliseront bien vite, après le retour de Bilâl à son ancienne croyance, ou dans le cas contraire, après son exécution que je sais faire régner ma loi chez moi».

Omayyah voulait se reposer un peu. Mais tiraillé par les idées contradictoires qui lui passaient par la tête, et perturbé par les pensées noires qui grouillaient dans son esprit, il ne pouvait pas dormir.

Tous les esclaves de la maison, hommes et femmes, partirent chacun à sa tâche. Seul l'infortuné Bilâl resta allongé dans un coin poussant des lamentations. Le sang coulait à flots de sa tête et de son visage, et personne ne lui prêtait la moindre attention.

Chacun de ces esclaves se disait: «Bilâl a mis fin à sa vie par sa propre faute. Ce n'est pas le moment de faire une chose pareille. Même les dignitaires arabes n'ont pas accepté cette religion. Que dire alors d'un esclave comme Bilâl!»

Ils parlèrent tous et exprimèrent leurs opinions sur le sujet.

Vous n’avez pas le droit de laisser des commentaires