Mar07162024

mise a jour :Dim, 20 Aoû 2023 9pm

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Chapitre 15 De retour chez `othmân

Chapitre 15

De retour chez `othmân


Lorsqu'Abû Tharr quitta la Syrie, les gens le raccompagnèrent jusqu'à un endroit appelé Dayr Maran, à l'extérieur de la ville de Damas, pour lui faire les adieux. Là il accomplit ses prières en assemblée, puis il prononça le discours suivant, d'après la version de "Qût al-Qulûb":

«O gens! Je vous recommande des choses qui vous seront utiles (...). O gens! Louez Allah - Le Très-Haut - (...) J'atteste qu'il n'y a de Dieu qu'Allah et que Mohammad est Son Serviteur et Son Messager (...). J'atteste que la Résurrection est vraie, le Paradis est vrai, l'Enfer est vrai et je reconnais ce qui est révélé par Allah. Soyez-en témoins (...). Que celui d'entre vous qui meurt avec ces attestations de foi soit assuré de la Miséricorde d'Allah et de Son Messager, tant qu'il n'aura pas soutenu les criminels, ni appuyé ou aidé les oppresseurs dans leurs actions.

»O gens! Il faut que votre colère et votre indignation face à la désobéissance à Allah fassent partie de votre prière et de votre jeûne. Ne cherchez pas à satisfaire vos gouvernements avec des choses qui provoquent la Colère d'Allah. S'ils innovent et introduisent dans la religion d'Allah des choses qui vous sont inconnues, écartez-vous d'eux et dénoncez leur déviation, même si vous risquiez pour cela la torture, la privation et le bannissement. Ce faisant vous vous assurez la satisfaction d'Allah. Allah est certainement le Très-Haut, Le Plus-Grand, Le Plus-Elevé. Il ne faut donc pas susciter la Colère d'Allah en essayant de contenter ses créatures. Qu'Allah vous pardonne et me pardonne. Maintenant je vous laisse à Allah et souhaite que la Paix et la Miséricorde d'Allah soient sur vous».

 

La foule répliqua: «O Abû Tharr! O Compagnon du Messager d'Allah! Qu'Allah vous protège et qu'IL vous accorde Ses Bénédictions! Ne veux-tu pas qu'on te ramène avec nous à la ville et qu'on te défende contre les ennemis?». Abû Tharr répondit: «Qu'Allah envoie Sa Miséricorde sur vous. Maintenant, vous devez retourner chez vous. Je supporte certainement les épreuves plus que vous. Ne soyez jamais angoissés ni inquiets, et ne laissez pas les différends éclater entre vous».

Les historiens notent que lorsqu'Abû Tharr arriva à Médine, exténué et épuisé, laissant derrière lui sa famille en Syrie, il fut tout de suite conduit chez le Calife `Othmân, où plusieurs personnes étaient présentes dans la cour. Dès que `Othmân le vit, il se mit à le vilipender sans avoir aucun égard à la haute position qu'il avait occupée auprès du Saint Prophète et la grande estime que celui-ci avait eue pour lui. Il ressort des commentaires des historiens que `Othmân était dans un tel état de colère qu'disait tout ce qui lui passait par la tête et tout ce qui venait à sa bouche. Il lui lança enfin: «C'est toi qui as commis des actes inconvenables». Abû Tharr répondit: «Je n'ai rien fait, si ce n'est de bons conseils que je t'ai donnés; et en conséquence de quoi tu m'as éloigné de toi. Puis, j'ai donné de bons conseils à Mu`âwiyeh aussi. Mais lui également, il n'a pas aimé mes conseils, il m'a banni». `Othmân toujours furieux: «Tu es un menteur et tu cherches la sédition. Tu aimes cela. Tu as ameuté les Syriens contre nous». Abû Tharr répondit: «O `Othmân! Il te suffit de suivre les traces et les traditions d'Abû Bakr et de `Omar pour que personne n'ait rien contre toi». `Othmân dit: «Qu'est-ce que cela peut bien te faire si je suis ou non leurs traces. Mort à ta mère!». Abû Tharr répliqua: «Par Allah! Tu ne peux pas m'accuser de quoi que ce soit, si ce n'est d'avoir ordonné aux gens de faire le bien et de s'abstenir de faire le mal». Sur ce, la colère de `Othmân fut exaspérée et il s'écria: «O courtisans! Dites-moi ce que je dois faire de ce vieillard menteur. Devrais-je le punir de flagellation, l'envoyer en prison, le tuer ou l'exiler. Il a créé des dissensions dans la société musulmane». `Ali qui était présent, intervint et dit: «O `Othmân! Je te conseille - comme le fit le croyant de la nation de Pharaon - de le laisser à lui-même. S'il était menteur, il aura ce qu'il mérite, et s'il disait la vérité, c'est toi qui souffrirait sûrement. Car Allah ne guide pas quiconque est menteur et extravagant». Cette intervention provoqua de vifs échanges de propos entre `Ali et `Othmân, échanges que je ne veux reproduire ici»(59).

Sur ce même sujet, Mohammad Ibn `Ali Ibn al-A`tham al-Kûfî, écrit:

«`Ali dit au Calife `Othmân: "Ne lui fais rien. S'il était un menteur, il pâtirait de ses mensonges, et s'il disait la vérité, tout ce qu'il dit se vérifiera". `Othmân n'apprécia pas les remarques de `Ali, et lui dit sur un ton de colère: «Poussière dans ta bouche». `Ali lui rétorqua en lui retournant l'injure, tout en ajoutant: "O `Othmân! Qu'est-ce tu es en train de faire. Quelle injustice tu es en train de commettre! Il n'est pas convenable pour toi de dire de telles choses à propos d'Abû Tharr, l'ami du Prophète d'Allah, en te référant à des choses incertaines que Mu`âwiyeh t'a communiquées. N'es-tu pas au courant de la qualité d'opposant de Mu`âwiyeh, de son oppression, de sa sédition et de sa corruption?». `Othmân resta silencieux"»(60).

Toujours sur le même incident, Nûrullâh Chustarî rapporte: «Dès qu'Abû Tharr vit le Calife `Othmân en face de lui, il récita le verset coranique: "Redoutez le Jour où le Feu de Géhenne s'embrasera pour stigmatiser leurs fronts", par lequel il voulait dire: "O `Othmân! Vous avez tort de ne pas donner aux pauvres les richesses que vous détenez, et de les allouer plutôt à vos proches parents, si jamais, vous en donnez. Le Jour viendra bientôt, où vos flancs et vos fronts seront marqués par le Feu de l'Enfer"(61)

Dans ce même contexte al-Tabari rapporte: «Un jour `Ali dit à `Othmân: "Tu as d'abord renoncé à suivre l'exemple de tes prédécesseurs, et te voilà maintenant concentrant tes bonnes attentions sur les Ommayyades et sur tes propres proches parents, oubliant complètement les pauvres, ce qui n'est nullement correct. Qui t'a donné le droit de distribuer illégalement la propriété des Musulmans?". `Othmân rétorqua avec colère aux remarques de `Ali et lui dit: «Ceux qui nous ont précédés étaient injustes envers leurs proches parents. Et je ne veux pas commettre la même injustice. Je donne à mes proches pauvres tout ce que je peux». `Ali lui répondit: «Les gens à qui tu donnes des milliers de dinars du Trésor Public des Musulmans sont-ils les seuls ayants-droit? N'y a-t-il pas d'autres pauvres?»(62)

Des historiens tels que: Abul-Hassan `Ali Ibn al-Hussayn Ibn `Ali al-Mas`ûdi (mort en 346 H, Ahmad Ibn Abî Ya`qûb, Is-hâq Ibn Ja`far Ibn Wahhab Ibn Wâdheh al-Ya`qûbî (mort en 278 H), Mohammad Ibn Sa`d al-Awharî al-Baçrî, et al-Kâtib al-`Abbâsî al-Wâqidi (mort en 230 H) ont rapporté de la façon suivante la rencontre entre `Othmân et Abû Tharr lors du retour de ce dernier de la Syrie:

«Lorsqu'Abû Tharr fut emmené à la Cour de `Othmân, celui-ci lui dit: «Je suis informé que tu as raconté aux gens le Hadith du Prophète selon lequel lorsque le nombre des Omayyades mâles atteindra 30 complet, ils considéreront les villes d'Allah comme étant leur propre butin et les serviteurs d'Allah comme leurs propres serviteurs, et ils adopteront la religion d'Allah par supercherie». Abû Tharr répondit: «Oui, j'ai entendu le Saint Prophète dire cela». `Othmân demanda à l'audience, présente dans la Cour: «Avez-vous entendu le Prophète prononcer cette parole?». Les gens dirent: «Non». Puis, `Othmân appela `Ali et lui demanda: «O `Abul-Hassan! Peux-tu certifier ce Hadith?». `Ali répondit: «Oui». `Othmân dit: «Quelle est la preuve de l'authenticité de ce Hadith?». `Ali répliqua: «Le Saint Prophète avait affirmé qu'il n'y a pas un parleur sous le ciel et sur la terre qui soit plus véridique qu'Abû Tharr»(63).

Après cet incident, à peine quelques jours plus tard `Othmân envoya un message à Abû Tharr lui signifiant: «Par Allah, tu seras certainement banni de Médine»(64).

Selon al-`Allâmah al-Majlicî, après son retour de Syrie, Abû Tharr était tombé malade. Un jour, alors qu'il entrait dans la Cour de `Othmân, en s'appuyant sur son bâton, il vit les fonctionnaires du gouvernement avec 100.000 dirhams qu'ils avaient prélevés dans les différentes régions de l'Etat. Il s'adressa tout de suite à `Othmân et lui dit: «O `Othmân! A qui appartient cet argent?». Il répondit: «Aux Musulmans». Abû Tharr lui demanda alors: «Combien de temps va-il rester dans le Trésor Public avant de parvenir aux Musulmans?». Le Calife répondit: «Cet argent restera avec moi jusqu'à ce que je reçoive encore 100.000 dirhams, car on a apporté cette fortune pour moi personnellement. Donc j'attends l'arrivée d'autre argent afin que je le donne à qui je voudrais, et le dépense comme il me semblerait bon de le dépenser». Abû Tharr dit: «Qu'est-ce qui est plus: quatre dinars ou 100.000 dirhams?». `Othmân répondit: «100,000 dirhams bien entendu». Abû Tharr lui dit: «O `Othmân! Ne te rappelles-tu pas lorsque nous sommes allés, toi et moi, une fois, chez le Saint Prophète, tard dans la nuit, et que le voyant triste, nous lui avons demandé la raison de sa tristesse, il n'a même pas répondu à cause de la gravité de son angoisse a ce moment-là? Et que lorsque, le lendemain matin, le voyant heureux et souriant, nous lui avons demandé les raisons de sa tristesse de la veille et de son bonheur le lendemain, il nous a répondu: «Hier soir, après avoir distribué l'argent des Musulmans, il en restait encore quatre dinars avec moi. J'étais donc soucieux. Mais maintenant les ayant donnés à qui de droit, je me sens soulagé et heureux (de n'avoir pas gardé sur moi ce qui ne m'appartient pas)».

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